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Katja Keul à Casbah Tribune : « Le projet Sud H2 permettra d’exporter de l’hydrogène vert depuis l’Algérie et la Tunisie vers l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne. »

Arrivée en Algérie pour une visite officielle ce samedi 25 janvier, la ministre adjointe allemande aux Affaires étrangères, Katja Keul, a accordé une interview à Casbah Tribune dans laquelle elle aborde les questions économiques, dont le fameux projet Corridor Sud H2. Mais aussi et surtout la coopération culturelle qui a permit de donner un nouveau visage au musée national archéologique de Cherchell.
Casbah Tribune : C’est votre deuxième visite en Algérie en trois ans, avec cette fois-ci un accent qui est donné à la culture. L’Allemagne a joué un rôle important dans la restauration du musée archéologique de Cherchell. Comment s’est déroulé cette coopération culturelle ?

Katja Keul : La coopération culturelle a toujours été un point fort des relations bilatérales entre nos deux pays. Lors de ma dernière visite à Alger en juin 2022, j’ai également eu le plaisir de signer notre accord de coopération culturelle et scientifique, grâce auquel nous souhaitons consolider et étendre cette coopération. Le fait qu’en Algérie on s’intéresse de plus en plus à la langue allemande aide beaucoup bien sûr. Une langue commune est justement un vecteur important de coopération, d’échange et de compréhension entre les habitants de nos deux pays. Mais je vois aussi dans le lien historique entre l’Europe et le Maghreb une base solide pour cela.

Le musée de Cherchell, rénové et inauguré grâce à un partenariat entre experts algériens et allemands, en est la meilleure preuve. La coopération entre l‘Institut Archéologique Allemand et plusieurs institutions algériennes à Cherchell était un grand succès. Durant plus de dix ans on a sauvegardé, restauré et étudié les trésors de Cherchell conjointement, puis ensemble développé une nouvelle structure de l’exposition. Une continuation de cette coopération étroite m’apparaitrait très prometteuse.

Lors de sa remise de ses lettres de créances en septembre dernier, l’ambassadeur d’Allemagne Georg Felsheim, a souligné la disponibilité de son pays à renforcer sa coopération avec l’Algérie dans tous les domaines, et notamment un projet-phare d’un corridor-sud partant de l’Algérie vers l’Allemagne traversant trois pays partenaires. En quoi consiste ce projet ?

Le « corridor sud H2 » est un projet dans le domaine des énergies renouvelables et de la production d’hydrogène vert. De cette manière, un nouveau marché visant à répondre aux besoins locaux peut être développé, ce qui aura des répercussions positives comme la création de valeur locale, d’emploi, d’innovation et de compétences vertes. Le projet permettra par la suite d’exporter de l’hydrogène vert par pipeline depuis l’Algérie et la Tunisie vers l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne. Pour ce faire, des gazoducs en Italie, en Autriche et en Allemagne seront convertis à l’hydrogène. Ce projet devrait être opérationnel en 2030. Le corridor sud devrait avoir une longueur d’environ 3500 à 4000 km. Dans le cadre de la première conférence ministérielle sur le corridor sud pour l’hydrogène, un protocole d’accord sur le développement du corridor sud pour l’hydrogène a été signé le 21 janvier 2025 à Rome par l’Allemagne, l’Algérie, l’Italie, l’Autriche et la Tunisie. La réunion a souligné le soutien politique et l’étroite et bonne coopération de tous les pays impliqués dans le corridor sud de l’hydrogène, en particulier l’Algérie. La prochaine étape consiste à concrétiser le pipeline d’hydrogène vers l’Afrique du Nord – un projet qu’une task force bilatérale germano-algérienne sur l’hydrogène vert poursuit activement.

Qu’en est-il aujourd’hui de la position de l’Allemagne sur la question du Sahara occidental, surtout après la décision de l’été 2022. Ne pensez-vous pas avoir violé la légalité internationale en décidant d’exclure le référendum d’autodétermination comme le prévoit l’ONU ?

La définition du statut du Sahara occidental n’est pas clarifiée et fait l’objet d’un processus de négociation sous l’égide des Nations Unies (ONU). L’Allemagne soutient ce processus mené par l’ONU en vue d’une solution politique juste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable pour les parties. Nous soutenons activement les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, pour faire avancer le processus politique sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous soutenons également la MINURSO.

Pour quelles raisons l’Allemagne, grande puissance économique et géographiquement proche du continent africain, ne s’engage pas davantage en Afrique à l’instar de la Chine, de la la Russie, de la Turquie, de l’Inde ou encore le Japon ? 

L’Allemagne est fortement engagée en Afrique, tant bilatéralement qu’au niveau de l’UE et multilatéralement.

Prenons l’exemple du domaine économique: en décembre dernier, le plus grand « German-African Business Summit » à ce jour a eu lieu à Nairobi, avec plus de 900 participants provenant de plus de 30 pays africains. Trois mois plus tôt, l’Allemagne et le Kenya ont signé un accord sur la mobilité et les migrations, le premier du genre avec un pays africain.

L’importance croissante de l’Afrique se reflète également dans la diplomatie des visites intensifiée au sein du gouvernement fédéral. Jamais auparavant des représentants du cabinet fédéral ne s’étaient rendus aussi souvent en Afrique que lors de la dernière législature. Rien que la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a voyagé sept fois en Afrique ces dernières années.

Pour soutenir cette importance accrue de l’Afrique, le gouvernement fédéral a également développé au début du mois de janvier ses lignes directrices de la politique africaine du government fédéral, sous le titre « Façonner nos partenariats ensemble dans un monde en pleine mutation ». Cela repose sur l’idée directrice que, pour relever les défis internationaux d’un monde multipolaire, nous souhaitons désormais collaborer de manière encore plus étroite avec les pays africains.

Au-delà, l’Allemagne s’engage fortement sur le continent africain dans le domaine de la coopération au développement et fait partie des plus grands donateurs d‘aide humanitaire.

Tout cela témoigne d’un engagement de l’Allemagne en Afrique qui s’est nettement intensifié ces dernières années.

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