À l’occasion du centenaire de la Grande Mosquée de Paris, le recteur Chems-Eddine Hafiz a donné une conférence exceptionnelle ce mercredi 12 novembre 2025, revenant sur un siècle d’histoire, d’engagement et de rayonnement spirituel et culturel. Aux côtés de l’historienne Naïma Yahi, il a célébré une institution emblématique du paysage parisien, à la fois lieu de culte, symbole républicain et pont entre les cultures.

Dès l’ouverture, le recteur a rendu hommage à Si Kaddour Benghabrit, fondateur de la Grande Mosquée en 1926, en présence de sa fille Aziza Benghabrit. Il a rappelé son rôle historique et humaniste, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, et a proposé au président Emmanuel Macron d’honorer sa mémoire par son entrée au Panthéon — un geste fort pour reconnaître son œuvre au service de la France.

Chems-Eddine Hafiz a souligné que l’histoire de la Mosquée de Paris reste encore méconnue, malgré sa place essentielle dans le récit national. Il a rappelé que sa création trouve ses racines à Alger, et que les premiers financements provenaient du gouvernement général d’Algérie avant l’indépendance. Un accord algéro-français conclu au début des années 1980 est venu pérenniser cette contribution financière annuelle, symbolisant la continuité du lien historique entre les deux rives de la Méditerranée.

Abordant le contexte politique actuel, le recteur a dénoncé la montée de l’extrême droite et l’instrumentalisation de la Grande Mosquée de Paris comme enjeu électoral. Selon lui, « il est devenu un atout électoral de taper sur la Grande Mosquée de Paris ». Il a également tenu à réfuter les accusations visant l’institution, qualifiées de « pures manifestations de racisme anti-musulman », rappelant avec fermeté : « Ces gens-là n’oseraient jamais accuser Notre-Dame de Paris d’abriter les services secrets du Vatican. »

À travers cette conférence, Chems-Eddine Hafiz a réaffirmé les valeurs fondatrices de la Grande Mosquée : le dialogue, la fraternité et la défense de l’humanisme. Il a également insisté sur la nécessité d’adapter ces missions à l’ère de la mondialisation, des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, afin de changer l’image de l’islam en France et de promouvoir une religion « ouverte sur le monde moderne et en harmonie avec la société française ».

Le recteur a également présenté, aux côtés de l’historienne Naïma Yahi, le tout nouvel ouvrage qu’il a dirigé sur l’histoire et le présent de la Grande Mosquée de Paris (aux éditions ErickBonnier, 2025).