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Oct

Sahara occidental : France et Émirats, nouveaux gardiens d’un ordre sans justice

« Décision incompréhensible prise au cœur de l’été, une faute inadmissible qui viole les principes proclamés par les Nations unies. » 

Ces mots, signés d’Edwy Plenel, journaliste et fondateur de Mediapart sur une chaîne de télévision algérienne, résument à eux seuls la sidération provoquée par la décision française du 30 juillet 2024 de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En quelques phrases, le journaliste pointe ce que de nombreux diplomates murmurent : Paris vient de rompre avec un demi-siècle de position équilibrée, au mépris du droit international.

La décision d’Emmanuel Macron ne fut pas seulement inattendue ; elle fut perçue comme un tournant historique. En soutenant désormais le plan d’autonomie marocain, Paris s’aligne ouvertement sur la position de Rabat et marginalise les résolutions onusiennes qui affirment, depuis 1975, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Ce virage, pris sans consultation parlementaire ni concertation internationale, témoigne d’une diplomatie de plus en plus guidée par les intérêts géopolitiques et économiques plutôt que par les principes.

Les Émirats s’imposent comme champions d’une politique de puissance sans scrupules

Cette réorientation s’accompagne d’un rapprochement stratégique avec les Émirats arabes unis, autre acteur clé du Conseil de sécurité. Officiellement partenaires de la stabilité régionale, Abou Dhabi et Paris œuvrent désormais de concert pour faire adopter un texte qui, sous couvert de « processus de paix », entérinerait de fait la souveraineté marocaine sur le territoire.

Mais derrière ce discours diplomatique policé se cache une réalité plus sombre : les Émirats, déjà accusés d’ingérences armées au Soudan et en Libye, s’imposent comme champions d’une politique de puissance sans scrupules, au mépris des droits des peuples.

Un texte aux accents néocoloniaux

L’ancien ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi a tiré la sonnette d’alarme. Selon lui, la France aurait contribué à l’élaboration d’un texte « octroyant au Conseil de sécurité la possibilité de transférer la souveraineté sahraouie à la puissance occupante », une démarche qu’il qualifie de « néocolonialiste ».

En d’autres termes, Paris et Abou Dhabi s’apprêteraient à légitimer une annexion en la présentant comme un gage de normalisation entre Alger et Rabat. Une inversion complète des valeurs onusiennes, où la stabilité devient le prétexte à l’abandon du droit.

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