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Conférence internationale sur l’eau à Béchar : Unir les efforts pour préserver l’avenir hydrique de l’Algérie face aux menaces marocaines

L’université Mohamed Tahri de Béchar a accueilli ce vendredi 11 avril une conférence internationale consacrée à la gouvernance et à la sécurisation des ressources hydrauliques. Organisé sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, cet événement a réuni chercheurs, représentants de l’État, experts nationaux et étrangers, pour réfléchir aux solutions durables face aux défis hydriques et climatiques qui menacent le sud-ouest algérien.
Le directeur de l’université de Béchar, Boudjema Bezzazi, a souligné dans son allocution inaugurale l’importance de ce congrès comme une occasion unique de fédérer les compétences et les volontés. « Aucune partie ne peut travailler seule pour faire face aux défis environnementaux », a-t-il déclaré, en appelant à une coordination intersectorielle pour garantir des ressources suffisantes aux générations futures.
L’oasis de la Saoura en péril
Le recteur de l’Université des sciences exactes et président de la conférence, Abdelhak Maazouzi, a rappelé avec gravité l’état critique de l’écosystème local. L’oued Saoura, véritable colonne vertébrale de la vie dans cette région, est aujourd’hui réduit à un lit asséché, conséquence directe du changement climatique, mais aussi d’une gestion transfrontalière problématique des ressources.
Ce constat est partagé par les représentants de l’État. Ahmed Benyoucef, wali de Béchar, a affirmé l’engagement de l’Algérie dans la lutte contre le réchauffement climatique, soulignant l’importance capitale du thème abordé. De son côté, Djamel Eddine Hashas, wali de Béni Abbès, a rappelé que sa wilaya, qui compte pas moins de vingt oasis dans les neuf communes longeant l’oued Saoura, subit de plein fouet les effets de la sécheresse, malgré l’existence du barrage de Djorf Torba. Plus de 70 % des oasis sont désormais touchées.
La responsabilité du Maroc pointée du doigt dans un document de l’ENTV
L’un des moments forts de la conférence a été la diffusion d’un reportage signé par la journaliste Aïcha Boubrik de la télévision algérienne. Ce document dénonce avec clarté et rigueur les conséquences des barrages illégaux érigés du côté marocain grâce à des financements japonais, qui perturbent gravement le débit naturel de l’oued Saoura. Cette entrave au flux hydraulique constitue une véritable catastrophe environnementale pour l’ouest de l’Algérie, affectant directement les oasis, la biodiversité locale, et les communautés qui en dépendent pour leur survie.
Ce geste unilatéral, en contradiction avec les principes de gestion concertée des ressources transfrontalières, est lourd de conséquences. L’assèchement du barrage de Djorf Torba, pourtant conçu pour régulariser un volume de 100 millions de m³ et ayant atteint sa pleine capacité de 247 millions de m³ après les crues de septembre et octobre derniers, illustre les tensions hydriques de plus en plus visibles dans cette région.
Des initiatives porteuses d’espoir
Malgré ce contexte alarmant, les participants à la conférence se sont montrés résolument tournés vers l’avenir. Le représentant du ministère de l’Environnement a évoqué la relance du barrage vert, projet emblématique de lutte contre la désertification, comme une solution à réactiver en urgence. Quant au ministère de l’Enseignement supérieur, il a annoncé le lancement d’un réseau thématique sur la sécurité hydrique, destiné à rassembler toutes les expertises disponibles pour proposer des mécanismes innovants de préservation de l’eau.
Avec plus de 235 propositions d’interventions enregistrées en provenance de divers ministères, institutions et entreprises, cette conférence s’inscrit comme un jalon essentiel dans la mobilisation nationale autour de l’enjeu vital de l’eau.